BRAME DU CERF 2020
BRAME DU CERF 2020
Quand il sentit la lisière proche, il s'arrêta, huma l'air longuement devant lui.
Et tout à coup, plus puissant encore son brame monta vers les étoiles.
Il renversait le col en arrière et réait sans pouvoir s'arrêter, le mufle tendu vers le ciel.
A la fin de chaque raire sa voix s'étranglait dans sa gorge, se brisait en un très long appel rauque, une sorte de rugissement à la fois douloureux et terrible.
Tous deux soufflaient presque côte à côte. Leur trot, maintenant bronchait sur des nœuds de racines et leurs échines fumaient dans le froid pénétrant de l'aube.
Il était las de la jeune biche dont les caresses l'importunaient.
Couché dans les fougères, c'était à peine s'il la regardait encore, fidèlement allongée près de lui, tournant vers lui sans cesse ses beaux yeux tendres et doux.
Le cerf, les yeux grands ouverts ne regarde même plus sous les arbres le vol de l'oiseau vert et rouge.
Le soir approche.
Entre les branches, le ciel devient doré et les larges prunelles peu à peu prennent la couleur dorée du soir.
Oubli...
La fraîche nuit va venir.
Elle ne fuyait pas vite, elle entendait contre ses talons les pas précipités du mâle.
Elle sentait déjà sur elle son souffle ardent, la brûlure de son poil en sueur et elle tremblait, les jambes coupées, le ventre caressé par l'herbe.
Textes extraits du livre "La dernière harde" de Maurice Genevoix
F I N